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3 ans d'écart, 2 enfants, 1 hospitalisation qui se répète

  • Photo du rédacteur: Johanna Zazoun
    Johanna Zazoun
  • 19 déc. 2022
  • 5 min de lecture

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Points communs :


Bébé de 8 jours. Hospitalisation. Diagnostic incertain. Inquiétude pour la vie. Imagine Dragons à fond dans la voiture. Une tonne de cafés bus.


Le 15 septembre 2019 j'accouchais d'Adam à Assuta, 8 mois seulement après la mort de ma mère au sein du même hôpital. Le lundi 23 septembre nous l'emmenons aux urgences car il ne faisait que vomir. Très rapidement il passe aux soins intensifs et on ne nous cache pas que son état est très grave car il est en déshydratation critique. Il s'ensuit des jours très difficiles. Beaucoup de questions sont posées, il y a une énorme inquiétude de notre part mais également de la part de nos familles. Et là, je suis obligée de vous parler de l'équipe médicale et du soutien que nous avons reçu. Ils ont été mis au courant du traumatisme que nous avions subi à la mort de ma mère et ils n'ont pas hésité à nous asseoir dans une salle avec plusieurs médecins afin de répondre à nos questions. Vous vous rendez compte? Ils ont pris le temps de rassurer non seulement les parents mais également les oncles et tantes de la mère, son père, son frère.. Nous étions tous là à pouvoir poser des questions. Ce n'est peut être pas grand chose pour certains mais pour nous cela a beaucoup compté. Il n'y a pas eu un moment où nous ne nous sommes pas sentis écoutés par les médecins ou les infirmières. Une conseillère est même venue nous parler afin de voir comment nous gérions l'histoire. Dans un pays où les médecins ne sont pas bien traités, où ils sont victimes bien trop souvent de violences et où leurs conditions de travail sont inadmissibles, je trouve cela important de leur redonner un peu de mérite. En 2019 ils ont sauvé la vie de mon fils et ont aidé ses parents inquiets à gérer la situation.


Le 15 août 2022 j'accouchais de Mila à Assuta, un accouchement de rêve où je me suis sentie maitresse de mon corps et de mon accouchement. Une équipe de tonnerre sur place. Le 23 août nous emmenons Mila aux urgences car elle ne s'alimentait plus et devenait de plus en plus apathique. On passe la nuit aux urgences où elle commence à souffrir de diarrhées constantes accompagnées de saignements. Et puis c'est direction l'hospitalisation, encore une fois nous ne savions pas ce qui se passe. Elle sera examinée sous toutes les coutures, on nous parle de déformation du système digestif, d'allergie au lait.. Alors que son état empire on nous annonce qu'on veut nous transférer à Ihilov car ils sont mieux équipés. Nous sommes sur les rotules et tentons de nous relayer un peu car nous avons besoin de repos et surtout 3 autres enfants attendent à la maison. Puis le couperet tombe après 3 jours d'hospitalisation, Mila doit passer aux soins intensifs. Un sacré pas en arrière et beaucoup de stress, je craque complètement, je veux juste prendre ma fille et m'enfuir à la maison. Et là j'aimerais encore une fois vous parler de ces médecins, de ces infirmiers et infirmières qui sont là et apportent une aide précieuse aux parents désemparés. C'est dur pour un parent de ne pas contrôler la situation, de s'en remettre à un étranger pour sauver la vie de son enfant. Ces étrangers font partie de nos vies pendant un temps imparti, ils vont même avoir le plus grand rôle qu'ils puissent tenir. Et nous, nous avons eu le bonheur de tomber sur des gens extraordinaires. Ils ont fait partie de nos victoires, comme cette docteur qui tape dans la main de Jérémie pour célébrer la première couche sans sang. Mais, ils faisaient partie également de nos moments de détresse. Ils sont là à nous tendre un verre d'eau, un mouchoir, nous apporter une chaise. Il y a même une interne qui m'a serré dans ses bras et a tenté de me rassurer par un "ils s'occupent d'elle" alors que je pleurais car ils étaient à 5 autour de ma fille à s'agiter dans tous les sens me faisant craindre pour sa vie. Ils sont là, ils nous écoutent, ils ne comptent pas leurs heures de travail, on les voit se donner à fond et éprouver de l'empathie pour nous pourtant on ne les remercie pas assez. J'ai vu énormément de visages, entendu beaucoup de prénoms, je suis loin de les avoir tous retenus mais je sais qu'ils auront ma reconnaissance éternelle pour avoir sauvé mon fils il y a 3 ans ainsi que ma fille, mais également pour avoir fait partie de ma vie pendant ces moments si difficiles. A l'hôpital un parent va vivre les pires terreurs de toute sa vie, je sais qu'à plusieurs reprises je me suis sentie liquéfiée de peur et même si nos familles et amis nous soutiennent ce n'est pas la même chose. Il y a beaucoup de phrases toutes faites comme "tout ira bien" (oui enfin tu n'en sais rien tu n'es pas médecin) ou de discours religieux "je vais prier pour sa guérison si Dieu veut elle s'en sortira" (sachant que je ne suis pas croyante j'ai du mal à croire aux pouvoirs de ton ami imaginaire) mais en vrai les autres ne peuvent pas vous toucher comme le personnel médical qui est là à se battre littéralement pour vous et qui sait ce qui se cache dans un diagnostic. Les Sharon, Hanna, Adi, Eitan, Mihal et tous les autres. Un merci ne sera jamais assez suffisant mais c'est déjà un bon début. J'espère vraiment qu'un jour leurs conditions de travail changeront et qu'ils recevront le mérite qui leur revient.


A l'hôpital il n'y a pas que du personnel médical. L'endroit fourmille de visiteurs, de personnel d'entretien, de bénévoles etc.. J'ai croisé pendant ces deux hospitalisations un nombre incroyable de personnes. Parfois en un regard échangé je voyais que j'avais en face de moi quelqu'un qui vivait le même genre d'expérience que moi et on se souriait comme pour se donner du courage mutuellement. Parfois une femme de ménage lançait un amical "bon courage" pas un laconique mot qu'on se dit par habitude mais une véritable pensée positive. Parfois des bénévoles entraient dans la chambre et là les larmes me montaient facilement aux yeux. Des personnes prennent le temps de venir et remonter le moral des malades mais également de leurs familles. Je n'oublierais jamais cette kala qui est venue juste avant sa 'houpa accompagnée de deux amies à elle pour bénir les enfants malades. Avant de nous marier la plupart d'entre nous sommes stressés mais elle, non. Elle a apporté son sourire, sa joie de vivre et ses bons voeux. Il y a eu également ce bénévole qui est arrivé avec un caddy plein de jeux pour enfants, ma fille avait à peine une dizaine de jours mais il a trouvé un petit hochet Minnie Mouse, je le revois distinctement entrant dans chaque chambre avec un grand sourire et des gentils mots réconfortants.


J'ai eu la chance qu'on sauve la vie de mes 2 enfants, j'ai eu la chance que dans mon malheur je me suis sentie entourée par des anonymes qui par un sourire, une main sur mon épaule, un gentil mot ont contribué à me donner la force de croire qu'un jour ce sera moi qui sera du côté des gens qui aident.

2 commentaires


bouazizkaty
25 déc. 2022

C est juste magnifique votre gratitude ! J espère de tout cœur que vos enfants vont bien .. j essaierai de venir découvrir cette belle bibliothèque !

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Johanna Zazoun
Johanna Zazoun
27 déc. 2022
En réponse à

Merci pour votre message, vraiment ce post est venu du fond du coeur car ils ont tous été exceptionnels. Maintenant tout va bien. Mon fils n'a gardé aucune séquelle, c'était une infection des canaux urinaires dû à la brit mila. Quand à ma fille, elle a 4 mois et est toujours allergique au lait. J'achète son lait en pharmacie mais je garde espoir que l'allergie lui passe avec le temps.

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