Vies dérobées de Cinzia Leo

Notre identité est-elle soluble dans un lot de coton égyptien ? À Jaffa, lorsque Avraham est tué dans le massacre des Juifs de la ville en 1936, son associé musulman, Ibrahim, décide en quelques heures de se faire passer pour lui afin de récupérer le précieux tissu. Il ne mesure pas alors le poids que cette tromperie aura sur sa femme Miriam. Mais aussi sur leur fille et les générations suivantes.

D’Istanbul à Djerba, de Bâle à Miami, d’Ancône à Rome, l’imbroglio identitaire se fera de plus en plus inextricable. Et ce seront Giuditta et Esther qui, de façon détournée, payeront leur tribut à ces vies dérobées. Et vous, êtes-vous sûr de vos origines?

Un époustouflant roman qui s'étend de 1936 à 1992, une fresque familiale et historique passionnante qui vous fera passer un très (long) bon moment. Si vous cherchez une lecture pour shabbat je ne peux que vous conseiller ce pavé de 546 pages. Tous les ingrédients sont là pour faire de ce livre un tabac: du suspense, une écriture dense et riche, une intrigue s'étalant à travers le temps et l'espace, des questionnements identitaires qui ne peuvent que trouver écho chez tout un chacun. J'ai trouvé ce roman fascinant, la transformation progressive d'Ibrahim Ozäl en Avraham Azoulay n'est pas que le début du roman mais également le prélude à un voyage intérieur chez le lecteur. Qui sommes nous? Le fruit de notre naissance, de notre noyau familial, de notre expérience de vie, de l'Histoire qui nous entoure et nous change, nous sommes un tout qui prend racine dès les générations précédentes. La religion qui devrait nous lier à une communauté, à une histoire commune peut également être destructrice pour certains grandissant dans de multiples confessions et empêcher la personne de se découvrir elle-même. Vous avez dans ce roman ici un kaléidoscope de lieux, d’individus, d'interrogations mais surtout d’émotions.