Désir et découverte VS Avortement et identité
- Johanna Zazoun
- 15 oct. 2018
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 13 juil. 2020

Quand on sait qu'elle a écrit un ouvrage s'appelant Je t'aime je te trompe, repenser l'infidélité pour recréer son couple on peut avoir peur et se faire une image erronée de la thérapeute Esther Perel. Pourtant le livre L'intelligence érotique est définitivement à mettre dans toutes les mains!
Le but est de déculpabiliser, de dire que non il n’y a pas une seule forme d’amour ni une seule façon de ressentir le désir. Notre problème majeur est qu'on veut toujours plus, toujours mieux, on est toujours dans la comparaison, dans l’envie et ça peut détruire un couple. Et il y a également ce que la société nous crie, nous rabâche sans cesse il faut être sexuel! Il faut désirer, se sentir désiré, parler sexe, rêver sexe.. Les attentes et demandes viennent de tous les côtés au point de nous faire culpabiliser en pensant que nous ne sommes pas dans la norme mais ce que Perel nous fait passer comme message est qu’il n’y a pas de norme!
Et à ceux qui répondent qu’à l’époque de nos parents on ne faisait pas tout un plat du couple et de l’entente entre les époux Perel répond. Je paraphrase: "Tout l’idéal romantique repose sur l’idée d’une personne unique à qui l’on peut tout dire et dont on peut tout attendre. Nous lui demandons ce que nous donnait, auparavant, un village entier. Les besoins d’intimité étaient alors répartis, ils ne reposaient pas sur une seule personne qui nous aurait libérés d’une solitude existentielle. Aujourd’hui, nous recherchons dans le couple la passion amoureuse, la sécurité affective, la respectabilité sociale et l’érotisme… L’érosion du désir prend sa source dans cet isolement affectif à deux. C’est dans l’espace que vit le désir." Pour elle ce manque d’espace, de désir sauvage s’explique par notre besoin de sécurité, par notre façon de vouloir nous fondre en l'autre.
Ce qui est bien avec Perel est qu'il n’y a pas une vérité, l’amour est multiple tout comme notre façon d’être, de vivre. “Il est possible d’être très proches sans beaucoup se parler. L’inverse est vrai aussi: trop révéler de soi-même peut nous projeter à la périphérie de l’intimité.” A travers ses recherches et ses exemples de cas personnels on a accès à une aide, celle ci sera différente suivant le lecteur mais elle sera présente si on y met du sien et qu’on se décide à être honnête avec soi même.
Le sexe existe sans désir, de même que le désir existe sans sexe, merci Perel.
Quelle déception pour ce roman pourtant prometteur, Le cœur battant de nos mères de Britt Bennett. Il faut dire que la quatrième de couverture était trompeuse, elle comparait Bennett à Elena Ferrante et Chimamanda Ngozi Adichie, je m’attendais donc à être transportée mais en vérité, non. Pour être honnête même si c’est un roman assez court (du moins pour moi habituée à lire des pavés) j’ai mis du temps à le finir. J’ai plutôt apprécié suivre les trois personnages mais cela manquait singulièrement de profondeur. On aborde ici la maternité mais pas à travers les expériences traditionnelles telles que élever un enfant et l’aimer nous sommes plus dans le lien qui se crée malgré l’absence, la mort ou tout simplement malgré la décision d’avorter. La question qui en ressort et qui nous chamboule serait: quand devenons nous mère. Le sommes nous si nous avortons? La question ne se poserait pas si nous perdions l’enfant naturellement mais si c’est nous qui décidons de ne pas continuer la grossesse le sommes nous? C’est dommage que dans ce roman l’avortement soit jugé par beaucoup comme un crime, en tout cas laisse place à d’intéressantes réflexions. En dehors de cela même les histoires de racisme et religions ne sont pas assez creusées à mon goût. Par contre ce que j’ai apprécié est la construction du roman avec, en début de chapitre un passage qui est raconté par les Mères. Ces Mères représentent les derniers vestiges de l’ancienne génération, elles sont la Communauté, celles qui ont le droit de tout savoir, tout juger et surtout de dire que tout était mieux avant. Un roman mignon mais sans plus donc sur la recherche de son identité.
Bonne lecture!
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