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6 mois

  • Photo du rédacteur: Johanna Zazoun
    Johanna Zazoun
  • 21 juil. 2019
  • 4 min de lecture

6 mois, 181 jours, 4344 heures sans toi maman mais le plus important n’est pas le temps qui est passé mais tout celui qui nous reste à vivre sans toi.

Au jour le jour il faut apprendre à se construire de nouveaux souvenirs où tu n’es pas, à avoir des fous rires que tu ne peux plus partager, à écrire de nouvelles pages de nos vies où tu n’es plus là pour nous conseiller, nous aider à prendre des décisions. Les jours passent et tu n’es pas présente pour partager nos joies, nos peines, tu n’es plus là pour nous raconter qu’à leur âge on faisait pire que nos enfants. Tu n’es plus là pour nous dire “on a dit que les enfants c’est moi qui les habille” et leur acheter une armoire tellement pleine qu’on n’a pas le temps de tout leur mettre. Tu n’es plus là pour entendre Tael dire “ça c’est Babou qui m’a acheté c’est beau” avec son gros accent israélien qui te faisait sourire.

Tu n’es plus là pour t’extasier devant l’intelligence d’Eitan, les danses de Noya, le bilinguisme de Tael et les yeux verts de Lia. D’ailleurs ses yeux sont de plus en plus comme les tiens, un mélange de deux couleurs. Eitan aime s’assoir à côté de moi pendant que je fais des mots fléchés et que lui fait des Sudoku, il s’est découvert une nouvelle passion tu serais tellement fière. Et tu dirais qu’on ferait quelque chose de cette Noya qui danse si bien, tu raconterais ta blague de on va la mettre à mendier dehors et on deviendra riche. Tu dirais avec un grand sourire que tu l’as vu regarder les solutions de son Sudoku mais que ce n’est pas grave. En aparté tu me dirais que c’est incroyable comment Tael parle bien, que tu es fière qu’elle apprenne à lire et écrire avec moi, tu me dirais que c’est elle qui te ressemble le plus, une petite fille pilpelit comme tu la décrivais, tu attendais avec impatience qu’elle grandisse, tu me disais “ça sera une vraie mini moi celle là”. En regardant Lia grandir tu me dirais en riant de faire attention, que sous sa beauté douce se cache une espièglerie sans limite. Et surtout tu me rappellerais que moi j’étais propre dès mes 18 mois alors qu’avec elle c’est une autre paire de manches..

On ne peut qu’imaginer ce que tu dirais de Linor que tu auras à peine eu le temps de rencontrer, de Bambino que tu n’auras même pas eu le temps de savoir qu’il était en route et de tous les autres à venir. Notre vie se résume à ça finalement maintenant, imaginer.. Imaginer en espérant avoir emmagasiné suffisamment de souvenirs pour pouvoir nous rappeler de toi, de ton caractère, de tes conseils bons ou mauvais parce que bon parfois tu te trompais aussi, vivement le déménagement que je me débarrasse de ce four qui avait l’air si parfait chez Sharona!

Il nous faut imaginer pour pouvoir continuer à te faire vivre à travers nous, tes enfants et eux, tes petits enfants qui t’aiment tant. Eux qui continuent de te pleurer, de dire que tu es dans le ciel avec Papy et Mamie auprès d’Hachem. Eux dont les souvenirs, si nous ne continuons pas d’en parler, s’effaceront avec le temps. Combien de mois, d’années encore Lia me racontera l’histoire de Babou qui s’accroche à la poignée de maintien dans la voiture car elle a peur? 2 ans et 8 mois c’est trop jeune pour perdre sa grand mère.

Notre rôle d’enfants et de parents a changé, nous devons maintenant te faire vivre à travers nos mots et souvenirs avant qu’ils ne deviennent trop flous. Déjà que ton fils David ne se souvient pas de ce qu’il a mangé hier… Si nous ne le faisons pas qui racontera que Jonathan t’arrachait l’aspirateur des mains? Que David te faisait tellement damner que tu es allée (toi!) voir un Rav qui t’a convaincu qu’il fallait lui couper les cheveux car un Djnoun y était accroché? Qu’on pouvait me réveiller au milieu de la nuit même bébé et que je souriais aux amis de papa? Qui pour raconter que même si tu te disputais avec papa avant son départ tu l’accompagnais du regard depuis ton balcon sans qu’il ne le sache? Qui pour dire que malgré tout tu l’aimais tellement que tu disais que tu ne voulais pas faire cette dernière route seule, sans lui? Alors qu’on entend encore tes cris de “Patrick ralentis sinon je descends et je continue à pieds”.

Pour beaucoup ta vie se résume à ces 12 dernières années en Israël et c’est dommage car ils se retrouvent avec une image erronée et surtout incomplète de ce que tu étais. Tu étais cette femme que j’ai rencontré le 8 décembre 1986, cette femme lumineuse avec un vrai caractère d’israélienne. Capable de donner un coup de pied au cul du directeur de son fils pour lui montrer ce que cela faisait. Une femme qui n’avait pas peur de fumer devant tonton Maurice (!). Une femme capable se battre en boite de nuit et de casser une bouteille de whisky. Une femme qui s’occupait de la grand-mère de son mari comme si c’était la sienne et qui l’a pleuré comme on pleure sa propre grand-mère. Une femme qui dansait l’orientale mieux que personne et qui mettait la musique à fond de bon matin car “j’en ai besoin pour vivre ma fille”. Une femme qui donnait le sourire à tout le monde même ceux dont on n’avait jamais vu les dents. Une femme qui était capable d’attendre patiemment dans la voiture alors que sa fille passait les épreuves du bac. Une femme qui aimait tellement que sa maison soit remplie d’amour et de joie qu’elle commençait à cuisiner des jours avant une fête et mettait les casseroles sur le balcon pour que les gens n’aient rien d’autre à faire que venir. Une femme qui passait son temps à changer ses meubles de place car “faut changer un peu ma fille sinon on s’ennuie”, heureusement qu’elle n’a jamais poussé jusqu’à changer ses propres enfants..

6 mois mais qu’est ce donc que ces quelques mois lorsque toute une vie sans toi nous attend?


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